EN BREF
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Report de l’application du rapport de durabilité au Sénat
Le rapporte de durabilité, établi par la directive européenne CSRD, a pour objectif d’améliorer la transparence des entreprises concernant leurs impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance. Initialement prévue pour s’appliquer de manière échelonnée entre 2025 et 2029, l’ entrée en vigueur de cette législation est maintenant remise en question par le Sénat français qui a proposé un report de quatre ans pour la plupart des catégories d’entreprises. Ce projet de loi, adopté le 10 mars 2025, prolongera les délais pour les grandes entreprises non cotées, les PME cotées et les sociétés ayant une succursale française. Alors que la Commission européenne envisageait un report de deux ans, l’initiative du Sénat pourrait susciter des débats plus larges sur les objectifs de durabilité des entreprises. En attendant son examen par la Commission mixte paritaire, le futur de ces obligations de reporting reste à déterminer.
La dynamique de mise en œuvre du rapport de durabilité, tel que prescrit par la directive européenne CSRD, connaît un tournant majeur avec l’annonce d’un report significatif par le Sénat. Initialement prévue pour s’appliquer par étapes selon la taille des entreprises, cette échéance est maintenant étendue, offrant un délai supplémentaire aux organisations pour s’adapter à ces nouvelles obligations. Cet article examine en profondeur les implications de ce report, les motivations politiques derrière cette décision, et les conséquences pour les entreprises concernées.
Contexte législatif et directive européenne CSRD
Le rapport de durabilité s’inscrit dans un cadre européen plus large qui vise à renforcer la transparence et la responsabilité des entreprises en matière de durabilité. La directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), adoptée le 14 décembre 2022, exige une communication détaillée sur les performances environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Cette directive a été conçue pour encourager les entreprises à intégrer ces enjeux au cœur de leur stratégie et de leur fonctionnement, en améliorant ainsi la fiabilité des informations présentées aux parties prenantes.
Les obligations imposées par la CSRD
Les entreprises soumises à cette directive doivent divulguer des informations sur plusieurs indicateurs clés, notamment :
- L’empreinte carbone et les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre,
- La consommation d’énergie et d’eau, et la gestion des déchets,
- La diversité et l’inclusion, y compris l’égalité hommes-femmes,
- Les conditions de travail, ainsi que la santé et la sécurité des employés,
- Le respect des droits humains dans la chaîne d’approvisionnement,
- La gouvernance d’entreprise, incluant la lutte contre la corruption,
- L’impact sur la biodiversité et les écosystèmes,
- Les investissements dans l’innovation durable et l’économie circulaire.
Ces obligations sont structuring pour aider les parties prenantes à évaluer la performance globale d’une entreprise en matière de durabilité, tout en favorisant une culture d’entreprise responsable.
Les modalités de mise en œuvre initiales
Au départ, l’application de la directive CSRD devait se faire de manière échelonnée, selon la taille et la nature des entreprises. Le calendrier initial prévoyait des dates d’entrée en vigueur spécifiques :
- 2025 : Grandes entreprises cotées et établissements de crédit.
- 2026 : Grandes entreprises non cotées dépassant certains seuils économiques.
- 2027 : Petites et moyennes entreprises (PME) cotées.
- 2029 : Sociétés ayant une succursale française et certaines entreprises étrangères.
Cette approche graduelle visait à permettre un ajustement réaliste et progressif aux nouvelles exigences, tenant compte des capacités variées des entreprises. Toutefois, le report annoncé par le Sénat remet en question cette feuille de route.
Le report proposé par le Sénat
Le Sénat a adopté un projet de loi le 10 mars 2025, proposant un report de quatre années des dates d’application de la directive CSRD pour la plupart des entreprises. Ainsi, les nouveaux délais sont les suivants :
Taille de l’entreprise | Entrée en vigueur initiale | Nouveau calendrier selon le Sénat |
Grandes entreprises cotées | 2025 | 2025 |
Grandes entreprises non cotées | 2026 | 2030 |
PME cotées | 2027 | 2031 |
Sociétés avec une succursale française | 2029 | 2033 |
Ce report est substantiel, en particulier pour les entreprises qui devaient commencer leur reporting en 2026, 2027 et 2029. Avec cette décision, la France se positionne au-delà des propositions de la Commission européenne, qui envisageait initialement un retard de seulement deux ans.
Les motifs de ce report
Le report significatif du Sénat soulève plusieurs interrogations quant à ses motivations sous-jacentes. Il semble que les décideurs politiques cherchent à offrir aux entreprises la latitude nécessaire pour préparer efficacement leur transition vers le reporting de durabilité. De plus, la réalité du contexte économique post-pandémique joue un rôle essentiel, de nombreuses entreprises éprouvant encore des difficultés financières.
Une réponse aux préoccupations sectorielles
Les préoccupations émanant des secteurs économiques, en particulier dans les milieux ruraux et les petites entreprises, ont été entendues. Le Sénat a reçu de nombreuses demandes afin d’assouplir les échéances pour permettre une meilleure adoption des nouvelles réglementations. Ce report est donc perçu comme une réponse pragmatique aux réalités des entreprises, tout en restant dans le cadre des objectifs de durabilité.
Les implications politiques
Sur le plan politique, ce report pourrait également être interprété comme une volonté de concilier les aspirations environnementales avec les considérations économiques. En effet, la balance entre la durabilité et la croissance économique est un sujet de débat brûlant. Les législateurs tentent de naviguer entre ces deux impératifs, cherchant à ne pas compromettre la compétitivité des entreprises tout en favorisant une transition vers des pratiques plus responsables.
Les conséquences pour les entreprises
Pour les entreprises, ce délai supplémentaire pourrait se révéler à double tranchant. D’une part, cela leur offre un temps précieux pour se préparer et collecter les informations nécessaires à leur reporting. D’autre part, cela pourrait également atténuer le sentiment d’urgence, incitant certaines à retarder leurs efforts en matière de durabilité.
Un temps de préparation accru
Avec ce report, les entreprises ont la possibilité d’investir dans des outils et des ressources pour garantir un reporting efficace et conforme aux exigences de la directive CSRD. Cela inclut le développement de systèmes de collecte de données, la formation des équipes sur les enjeux ESG, et l’élaboration de stratégies précises pour atteindre les objectifs de durabilité.
Un risque de procrastination
En revanche, un délai trop étendu peut également engendrer un certain relâchement. Les entreprises pourraient être tentées de procrastiner sur les actions nécessaires pour intégrer la durabilité dans leurs opérations courantes. Ce retard pourrait avoir des répercussions négatives sur la perception de l’engagement des entreprises en matière de durabilité, tant vis-à-vis des consommateurs que des investisseurs.
Les discussions futures au Sénat et à l’Assemblée nationale
Le projet de loi adopté par le Sénat doit maintenant passer par un processus d’examen plus approfondi au sein de la Commission mixte paritaire. Ce groupe devrait se pencher sur les implications et le contenu de ce report, tout en cherchant à établir un équilibre entre les exigences de durabilité et la réalité économique des entreprises.
Le rôle de l’Assemblée nationale
L’avenir de cette législation dépendra fortement des négociations entre l’Assemblée nationale et le Sénat. Les factions politiques doivent s’accorder sur un compromis qui tiendra compte des préoccupations des différents acteurs, tout en respectant les engagements européens. Un arbitrage pourrait également être nécessaire, surtout si les positions des deux chambres divergent davantage.
Conclusion sur l’avenir de la durabilité en France
Au-delà du report, la question demeure sur la manière dont les entreprises françaises vont aborder les enjeux de durabilité dans leur stratégie long terme. Les entreprises doivent non seulement se conformer aux obligations réglementaires, mais également se positionner comme des leaders dans la transformation vers une économie durable.
Références et ressources
Pour en savoir plus sur les implications du report de la CSRD et les actualités législatives, consultez les ressources suivantes :
- KPMG – Report de l’entrée en vigueur de la durabilité
- Questions au Sénat – Report du rapport de durabilité
- DAF Mag – CSRD : report des obligations
- Éléments clés du rapport sur le bilan carbone
- Rapport du Sénat sur la durabilité

Témoignages sur le report de l’application du rapport de durabilité LégiFiscal au Sénat
Depuis l’annonce du report de l’application du rapport de durabilité, de nombreux acteurs du monde économique se sont exprimés sur les implications de cette décision. Pour certains, ce délai accordé aux entreprises est perçu comme une bouffée d’air frais. Un président d’association d’entrepreneurs a déclaré : « Ce report nous permet de mieux nous préparer et de mettre en place des stratégies efficaces pour répondre aux exigences de la directive. »
D’autres voix, cependant, se montrent plus critiques. Un dirigeant d’une PME, engagée dans une démarche de durabilité depuis plusieurs années, a exprimé sa frustration : « Alors que nous avons travaillé dur pour anticiper ces obligations, ce report semble pénaliser les efforts réalisés par les entreprises proactives. »
Les experts en durabilité soulignent également les enjeux de ce report. Un analyste a remarqué : « Ce délai pourrait retarder l’évolution vers une transparence accrue et une meilleure gouvernance des entreprises. » Cette préoccupation est partagée par plusieurs acteurs du secteur qui voient dans le rapport de durabilité un outil crucial pour renforcer la confiance des consommateurs.
Enfin, les investisseurs s’inquiètent des conséquences potentielles pour le marché. Un investisseur institutionnel a souligné : « La durabilité est un enjeu clé pour les décisions d’investissement. Si les entreprises reportent leurs rapports, cela pourrait affecter notre confiance dans leur engagement envers des pratiques responsables. »
Ces témoignages illustrent les différentes perceptions autour du report de l’application du rapport de durabilité, montrant à la fois les besoins d’accompagnement des entreprises et l’importance d’agir rapidement pour répondre aux enjeux environnementaux.